samedi 24 janvier 2009

12. Un nouveau modèle : les quatre cerveaux, centres décisionnels

Dossier > Un nouveau modèle : les quatre cerveaux, centres décisionnels
1 - Le néocortex préfrontal et les territoires reptiliens

Le néocortex préfrontal et les territoires reptiliens ont leurs fonctions propres que nous venons de décrire. Nous avons vu qu’ils peuvent également former un curieux tandem (le niveau plus primitif « recruté » par le plus intelligent) pour faire sentir, via le stress, le désaccord du préfrontal inconscient avec des idées ou activités non adaptatives, générées par les territoires automatiques.

2 - Le cortex automatique

Regroupant le vieux cortex néo-limbique situé dans la fente entre les hémisphères cérébraux (au-dessus du corps calleux) et le néocortex sensori-moteur, qui constitue les parties médianes et postérieures de la convexité du cortex, le cortex automatique a un accès privilégié à la conscience. Sa fonction est de gérer le basique, le connu et le quotidien. C’est lui qui décide de passer la main au préfrontal dans les situations nouvelles et/ou complexes. Ce qu’il ne fait que trop rarement, sauf par « méta-culture préfrontalisante ». Car les valeurs préfrontales sont à l’opposé des siennes. Ce conflit et sa gestion sont les thèmes principaux du reste de ce livre.

3 - Les territoires paléo-limbiques

Les territoires paléo-limbiques forment la partie la plus ancienne du « cerveau limbique », située juste au-dessous du corps calleux. Cette partie comprend notamment les amygdales limbiques, situées dans la profondeur du cerveau (à ne pas confondre avec les amygdales à angines situées dans la gorge), et gère les rapports de force, ce que nous nommons le positionnement grégaire.
Représentation schématique des quatre cerveaux/centres décisionnels (Fradin)



4 - Résumons-nous
Certaines de nos émotions, ou tout du moins leur intensité et la réaction qu’elles déclenchent, ne sont plus tout à fait adaptées à notre quotidien. Elles proviennent de besoins archaïques et il s’agira donc d’apprendre à faire avec et d’identi.er qu’elles conditionnent nos réactions !

L’intelligence préfrontale est le sommet de l’intelligence humaine. Elle est située derrière notre front. Sa destruction se nomme lobotomie, elle entraîne une perte définitive de l’intelligence adaptative, créative et globale, c’est-à­dire de toutes les caractéristiques qui font l’humain. Car cette perte affecte aussi l’intelligence sociale, la capacité à percevoir finement un contexte relationnel, deviner l’intention d’un interlocuteur, faire preuve de tact ou de générosité.

Elle est plus ou moins refoulée par les territoires dits automatiques, qui incluent notamment les aires limbiques du gyrus cingulaire, siège au cœur de notre conscience, la « conscience noyau », selon Antonio Damasio.

Quand l’intelligence préfrontale n’est pas en accord avec une pensée ou action provenant des territoires automatiques, ce conflit intérieur semble détecté par le cerveau reptilien et traité comme un signal de danger. Comme, lui, le reptilien n’est pas refoulable, car il n’a pas de mémoire ; il constitue selon nous la partie émergée de ce conflit caché.

Tout se passe donc comme si la complexité du cerveau humain, notamment à cause de l’extraordinaire mais « récent » développement de ses lobes préfrontaux, mettait en conflit deux centres décisionnels supérieurs, que l’évolution des espèces n’a pas fini de départager. Tous deux détiennent d’importants leviers, mais aucun n’a l’ascendant sur l’autre. Le mode automatique détient la conscience, alors que le préfrontal est au cœur de tous les réseaux, en rela­tion directe avec toutes les structures cérébrales, dont le reptilien.

Notre équipe a mis en évidence que la stressabilité est étroitement corrélée au recrutement inapproprié du mode mental automatique en situation difficile, de non-contrôle, d’échec. Autrement dit, le stress semble survenir lorsque (par phénomène dit de persévération, d’accrochage ?) le mode automatique ne laisse pas sa place au mode préfrontal adaptatif en situation nouvelle et/ou complexe, alors que ce dernier est structurellement mieux placé pour la gérer.

Le stress est le révélateur de cette aberration fonctionnelle.

-- La stressabilité, c’est-à-dire la tendance à se stresser sur un sujet considéré en situation négative, réelle ou imaginaire, est donc liée à un dysfonctionnement cognitif dans notre capacité à recruter consciemment le « bon circuit cérébral », c’est-à-dire celui qui est adapté à la gestion du complexe et de l’inconnu.

Là encore, quelle surprise, on dit souvent en sciences cognitives que le mode automatique est inconscient et que le mode contrôlé est conscient et intelligent. En fait, c’est parce qu’il existe deux grands inconscients : l’un inférieur, qui gère les micro-automatismes, et l’autre supérieur, préfrontal, plus intelligent que la conscience.

-- La stressabilité est la capacité à se stresser en situation négative, réelle ou simplement évoquée, sur un sujet donné : par exemple, je suis stressable sur l’infidélité dans le couple, même si le mien va bien, en ce sens que la simple évocation de ce sujet me stresse.

1 commentaire:

  1. Ce texte ("1-Le néocortex préfrontal [...] ce sujet me stresse." + schéma) correspond aux pages 33-35 du premier chapitre de «L’intelligence du stress», le dernier livre publié par Jacques Fradin, Directeur de l'IME, aux Editions d’Organisation, Groupe Eyrolles, Paris, 2008.
    Pour plus d’information, vous pouvez consulter le site dédié à cet ouvrage (www.intelligencedustress.net), le site de notre Institut (www.ime.fr) ou encore nous adresser un mail (info@ime.fr).
    Céline Canis, Responsable Communication de l’Institut de Médecine Environnementale (IME)

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