lundi 26 janvier 2009

le stress évacué par le théâtre

Football - MAXIFOOT - Arbitrage : le stress évacué par le théâtre
En Allemagne, on bichonne les arbitres. Afin de leur éviter du stress lors des matchs, les 42 hommes en noir de Bundesliga ont reçu des conseils de gestuelle délivrés par un metteur en scène de théâtre, rapporte le Journal du Dimanche. "Les arbitres ne doivent pas se laisser déborder par les émotions très fortes qui circulent sur le terrain", explique Stefan Spies, ledit metteur en scène. "Leur capacité de persuasion doit découler de leur relâchement". En France, où la FFF a créé la Commission de visionnage, on préfère la télévision au théâtre...

stress : dossier carevox

Le Stress - CareVox : apprendre et partager l'info santé
Le stress est un problème majeur de notre société. Le BIT l’a d’ailleurs qualifié comme "l’un des plus graves problèmes" de notre temps dés 1993. Selon, le Credoc, le nombre de personnes stessées aurait doublé en 10 ans, tandis que la consommation d’anti-dépresseurs a explosé en France ces dernières années. Toujours, selon les sondages, le travail arriverait en tête des préoccupations des ménages et 47% des salariés auraient des difficultés à supporter leur travail.

Sensible à ces enjeux, Carevox s’est intéressé à cette problématique complexe que constitue le stress. Le stress qu’est-ce que c’est ? Existe-t-il un bon ou un mauvais stress ? Quels effets sur la santé ? Quelles sont les solutions ? seront les questions abordées dans le dossier.

samedi 24 janvier 2009

15. Découvrir le livre sur l'intelligence du stress

Dossier > Découvrir le livre sur l'intelligence du stress
Et si le stress était le porte-voix d’une intelligence supérieure cachée ?

Le stress a de lourdes conséquences sur la santé mentale et physique des individus mais aussi sur leurs performances, même si certains parlent de « bon stress ». Les thérapies cognitives ont également démontré, depuis plus de 40 ans, que le stress est le plus souvent (à 90%) induit par l’irrationalité et la rigidité de nos propres pensées.

Mais par quel mécanisme ?

Des recherches scientifiques récentes (neurosciences, imagerie cérébrale…) indiquent que le stress est un signal d’alarme lancé par le cortex préfrontal, sommet de l’intelligence humaine, lorsque nous persévérons dans un comportement inadapté ou incohérent. En effet, cette intelligence préfrontale n’accède que difficilement aux mécanismes de la conscience et elle emprunte dès lors très souvent le canal du stress pour exprimer son désaccord, en situation de changement ou de non maîtrise.

Découvrir le site de Jacques Fradin

14. Le stress : pathogène mais précieux

Dossier > Le stress : pathogène mais précieux
Le stress est un précieux indicateur de refoulement du préfrontal, à prendre au sérieux, et non au tragique puisqu’il est évitable. Il est précieux… au sens où la douleur est le premier détecteur de maladie. Cette douleur est un auxiliaire crucial pour le médecin puisqu’elle est plus ou moins à l’origine de 80 % des consultations médicales. C’est pourquoi il ne faut pas abuser de l’automédication, qui peut cacher des symptômes utiles à interpréter. Pour autant, précieux ne signifie pas désirable. Nul ne souhaite souffrir plus que nécessaire pour trouver ce qu’il a à trouver et faire ce qu’il y a à faire.

Il en va de même du stress. Car le cerveau reptilien reste un système primitif. Sa réaction stéréotypée de défense se révèle incapable de s’adapter au changement de la donne : chez l’humain (ou, dans une moindre mesure, chez d’autres mammifères supérieurs comme le singe et le chien), l’ennemi est dedans bien plus que dehors. Enfin, redisons-le pour mieux en préciser les conséquences, son mode défensif est aussi désuet par la nature même de ses réactions : fuir, lutter ou se décourager ne constitue le plus souvent pas de bonnes réactions en situation humaine moderne.

L’augmentation régulière du QI (et celle plus globale de l’expression de l’intelligence tout au long de l’histoire humaine) montre également que la part culturelle du QI et de l’intelligence générale l’emporte nettement sur toute composante génétique individuelle. Nous avons peu ou prou tous le même cerveau, depuis des centaines de milliers d’années. C’est la culture qui fait la différence. La préfrontalisation n’est pas naturelle, elle s’apprend.

C’est un peu « un marteau pour écraser… pas la bonne mouche ! » Il se fâche bien pour de bonnes raisons mais pas de la bonne façon. Et sauf à devenir un Sherlock Homes du diagnostic neurocognitif, qui comprend le stress comme une douleur, le symptôme aveugle d’une impulsion intelligente, préfrontale, il faut bien intégrer que la lecture du stress au premier degré est plus qu’une peau de banane. Elle contribue aux guerres, aux conflits, à la dépression, à la dévalorisation de soi ou des autres, à la perte de confiance en soi ou en les autres. On comprend mieux pourquoi si peu de gens, de cultures, de méthodes ont clairement compris sa fonction avant que les neurosciences ne commencent à lever ce nœud de contresens…

Enfin, si le stress peut détraquer nos relations en nous faisant attaquer « tout ce qui passe », il est également pathogène sur un plan biologique et médical, et induit de sérieux dégâts. Même s’ils commencent à être mieux connus de tous, ils sont encore largement sous-estimés, notamment dans le monde du travail où il s’agit encore trop souvent d’un déni pur et simple.

Le stress, état d’urgence de l’instinct… et de l’instant, peut mettre en danger notre santé lorsqu’il fonctionne trop souvent et trop intensément. En effet, le stress animal est bref, et finalement assez rare. Par contre, le stress cognitif est volontiers chronique… puisque le problème est en nous. Difficile de nous fuir ! Il constitue donc pour l’organisme humain un poste de dépense – et non d’investissement énergétique, physique et mental – qui est loin d’être négligeable, qui se montre même épuisant ! C’est par exemple le cas dans le burn-out professionnel.

En aucune façon, il ne permet de gérer convenablement notre économie vitale et personnelle sur le long terme.

13. Le préfrontal, rat de labo !

Dossier > Le préfrontal, rat de labo !
La méditation, le préfrontal gauche et l’inhibition… du réflexe de sursaut !
Des études récentes sur le fonctionnement de lamas tibétains montrent que l’exercice de certaines méditations active tout particulièrement le cortex préfrontal, notamment gauche.



En effet, les lamas prônent non seulement la curiosité sensorielle et l’acceptation, mais aussi l’exercice de ce qu’ils appellent « la pensée discursive », ce qui est une tentative d’exercice de la raison, de la capacité à considérer les conséquences à long terme, à adopter des processus d’analyse au niveau conceptuel, et non seulement au niveau sensoriel. Or, il se trouve que ce type d’exercice relève particulièrement des fonctionnalités du cortex préfrontal. Ainsi, le chercheur Ekman et son équipe ont remarqué qu’un lama pratiquant ce type de méditation peut quasiment annihiler un réflexe de sursaut qui normalement échappe totalement au contrôle de la volonté et ne peut être réprimé. Or, le réflexe du sursaut correspond à l’activité du tronc cérébral, partie la plus primitive, reptilienne, du cerveau.

Le stimulus utilisé pour les expériences d’Ekman a été un bruit équivalent à un coup de feu proche de l’oreille. Le réflexe de sursaut correspondant est si rapide qu’il ne peut être simulé et qu’il ne peut être réprimé, même chez des tireurs d’élite confirmés. Ces travaux laissent donc supposer que l’exercice de la méditation tendrait à développer et faciliter l’activité du cortex préfrontal et sa capacité de contrôle direct de structures primitives, et ainsi contrecarrer des mécanismes plus profonds et plus ancrés dans notre système cérébral. D’autres expériences suggèrent que le préfrontal peut également réguler le cerveau paléo-limbique, et ainsi les rapports de forces primitifs.

Préfrontalité et QI

Dans ses recherches sur le recrutement de l’intelligence préfrontale, Olivier Houdé a récemment décrit l’effet d’une dysfonction des structures et circuits cérébraux, pendant un test de résolution de problèmes logiques, extraits du QI. Ainsi voit-on en imagerie cérébrale (IRMf ou imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) que les 90 % des participants qui ne résolvent pas les tests choisis ne recrutent pas efficacement leurs territoires préfrontaux. Par contre, 90 % de ceux qui avaient échoué d’abord réussiront d’autres exercices de même difficulté (quoique différents) après une courte séance où ils ont dû trouver eux-mêmes, non pas l’erreur de résultat, mais celle de leur raisonnement. En l’occurrence, ils avaient effectué un classement par ressemblance, alors que la bonne façon de penser est de réfléchir, chercher des causes et des effets, se demander ce que signifie réellement la question et chercher à y répondre sans restitution/transposition de connaissances ou expériences antérieures. Et lorsqu’ils résolvent ces nouveaux problèmes, ils recrutent à 90 % (!) leurs lobes préfrontaux.

Cette étude montre bien que le QI n’est pas une caractéristique dépendant avant tout de la génétique individuelle, mais qu’il est essentiellement une compétence à raisonner logiquement, qui s’apprend. Et… que l’on peut recruter son préfrontal, par exemple en quittant le connu et en s’engageant dans une réflexion logique. On verra plus tard que, dans notre modèle, la réflexion logique est une des « portes » vers le préfrontal, que notre mode automatique tend à garder fermées. Mais on peut apprendre à les ouvrir, comme les études ci-dessus le montrent et comme les résultats de nos travaux le suggèrent. Quelle meilleure façon de gérer et prévenir le stress que d’ouvrir ces portes, quand le « préfrontal frappe » par la fuite, la lutte ou l’inhibition ?

12. Un nouveau modèle : les quatre cerveaux, centres décisionnels

Dossier > Un nouveau modèle : les quatre cerveaux, centres décisionnels
1 - Le néocortex préfrontal et les territoires reptiliens

Le néocortex préfrontal et les territoires reptiliens ont leurs fonctions propres que nous venons de décrire. Nous avons vu qu’ils peuvent également former un curieux tandem (le niveau plus primitif « recruté » par le plus intelligent) pour faire sentir, via le stress, le désaccord du préfrontal inconscient avec des idées ou activités non adaptatives, générées par les territoires automatiques.

2 - Le cortex automatique

Regroupant le vieux cortex néo-limbique situé dans la fente entre les hémisphères cérébraux (au-dessus du corps calleux) et le néocortex sensori-moteur, qui constitue les parties médianes et postérieures de la convexité du cortex, le cortex automatique a un accès privilégié à la conscience. Sa fonction est de gérer le basique, le connu et le quotidien. C’est lui qui décide de passer la main au préfrontal dans les situations nouvelles et/ou complexes. Ce qu’il ne fait que trop rarement, sauf par « méta-culture préfrontalisante ». Car les valeurs préfrontales sont à l’opposé des siennes. Ce conflit et sa gestion sont les thèmes principaux du reste de ce livre.

3 - Les territoires paléo-limbiques

Les territoires paléo-limbiques forment la partie la plus ancienne du « cerveau limbique », située juste au-dessous du corps calleux. Cette partie comprend notamment les amygdales limbiques, situées dans la profondeur du cerveau (à ne pas confondre avec les amygdales à angines situées dans la gorge), et gère les rapports de force, ce que nous nommons le positionnement grégaire.
Représentation schématique des quatre cerveaux/centres décisionnels (Fradin)



4 - Résumons-nous
Certaines de nos émotions, ou tout du moins leur intensité et la réaction qu’elles déclenchent, ne sont plus tout à fait adaptées à notre quotidien. Elles proviennent de besoins archaïques et il s’agira donc d’apprendre à faire avec et d’identi.er qu’elles conditionnent nos réactions !

L’intelligence préfrontale est le sommet de l’intelligence humaine. Elle est située derrière notre front. Sa destruction se nomme lobotomie, elle entraîne une perte définitive de l’intelligence adaptative, créative et globale, c’est-à­dire de toutes les caractéristiques qui font l’humain. Car cette perte affecte aussi l’intelligence sociale, la capacité à percevoir finement un contexte relationnel, deviner l’intention d’un interlocuteur, faire preuve de tact ou de générosité.

Elle est plus ou moins refoulée par les territoires dits automatiques, qui incluent notamment les aires limbiques du gyrus cingulaire, siège au cœur de notre conscience, la « conscience noyau », selon Antonio Damasio.

Quand l’intelligence préfrontale n’est pas en accord avec une pensée ou action provenant des territoires automatiques, ce conflit intérieur semble détecté par le cerveau reptilien et traité comme un signal de danger. Comme, lui, le reptilien n’est pas refoulable, car il n’a pas de mémoire ; il constitue selon nous la partie émergée de ce conflit caché.

Tout se passe donc comme si la complexité du cerveau humain, notamment à cause de l’extraordinaire mais « récent » développement de ses lobes préfrontaux, mettait en conflit deux centres décisionnels supérieurs, que l’évolution des espèces n’a pas fini de départager. Tous deux détiennent d’importants leviers, mais aucun n’a l’ascendant sur l’autre. Le mode automatique détient la conscience, alors que le préfrontal est au cœur de tous les réseaux, en rela­tion directe avec toutes les structures cérébrales, dont le reptilien.

Notre équipe a mis en évidence que la stressabilité est étroitement corrélée au recrutement inapproprié du mode mental automatique en situation difficile, de non-contrôle, d’échec. Autrement dit, le stress semble survenir lorsque (par phénomène dit de persévération, d’accrochage ?) le mode automatique ne laisse pas sa place au mode préfrontal adaptatif en situation nouvelle et/ou complexe, alors que ce dernier est structurellement mieux placé pour la gérer.

Le stress est le révélateur de cette aberration fonctionnelle.

-- La stressabilité, c’est-à-dire la tendance à se stresser sur un sujet considéré en situation négative, réelle ou imaginaire, est donc liée à un dysfonctionnement cognitif dans notre capacité à recruter consciemment le « bon circuit cérébral », c’est-à-dire celui qui est adapté à la gestion du complexe et de l’inconnu.

Là encore, quelle surprise, on dit souvent en sciences cognitives que le mode automatique est inconscient et que le mode contrôlé est conscient et intelligent. En fait, c’est parce qu’il existe deux grands inconscients : l’un inférieur, qui gère les micro-automatismes, et l’autre supérieur, préfrontal, plus intelligent que la conscience.

-- La stressabilité est la capacité à se stresser en situation négative, réelle ou simplement évoquée, sur un sujet donné : par exemple, je suis stressable sur l’infidélité dans le couple, même si le mien va bien, en ce sens que la simple évocation de ce sujet me stresse.

11. Un cerveau tri-unique

Dossier > Un cerveau tri-unique
Datant des années 1970, le modèle du cerveau tri-unique de Paul D. MacLean, neurochirurgien, est fondateur. Pour l’essentiel, ce qu’il a dit reste vrai, à savoir que l’on retrouve dans le cerveau humain les structures héritées de l’évolution des espèces et que leur coexistence, quoiqu’ayant fait l’objet d’une intégration et d’un remaniement poussés, semble pourtant à l’origine d’un certain nombre de dysfonctions, à l’image de celle que nous avons précédemment décrite.

Selon lui, le cerveau n’est pas seulement une affaire d’hémisphères droit et gauche. Avant tout, il pense que le cerveau reproduit au cours de son développement, et inscrit dans son anatomie et sa physiologie (ontogenèse), le processus d’évolution des espèces (phylogenèse). En ce sens, l’homme, comme nos ancêtres animaux, est un être « géologique », ou plutôt « géo-biologique ».

MacLean a ainsi décrit trois grandes étapes évolutives de l’histoire des espèces et, en parallèle, trois principales strates de développement anatomique et fonctionnel qui constituent notre cerveau :

* La strate reptilienne (qui rappelle le « cerveau » des reptiles), la plus basse et la plus intérieure : cerveau inconscient, il gère la vie et la survie purement individuelle : boire, manger, dormir, se reproduire et, plus largement, préserver l’intégrité corporelle. Il est également et logiquement le point de départ des circuits verticaux du stress.
* La strate limbique (qui évoque le niveau de développement du « cerveau » du mammifère primitif), en position intermédiaire chez nous, au centre de notre crâne : lieu de la conscience immédiate du soi (« conscience noyau » selon Antonio Damasio), siège des émotions et motivations, de la personnalité. À l’échelon individuel, c’est le cœur du mode mental automatique qui permet de fixer les apprentissages. Il gère le connu, le déjà vu. À l’échelon collectif, il est aussi le cerveau qui pose les premières bases d’une vie en société, de l’instinct grégaire. Il est contemporain de l’apparition des troupeaux.
* La strate néo-corticale (« cerveau » des mammifères supérieurs), et en particulier la partie préfrontale (dont le développement spectaculairement rapide caractérise le cerveau humain), la plus haute et la plus superficielle, qui se situe juste derrière le front. Il permet de gérer le nouveau, l’inconnu, de prendre en compte la complexité de notre environnement et d’introduire de nouveaux apprentissages. En cela, il est adaptatif. MacLean, comme presque tous les cliniciens, psychologues et neuroscientifiques, depuis Freud jusqu’à ce jour, y a vu le sommet de la conscience humaine, lui-même au sommet de l’évolution. Selon les neurologues, par contre, ce dernier serait à la fois basiquement inconscient et peut-être le lieu (tout à fait relatif) d’une certaine « conscience étendue », que nous pouvons développer par la culture logique ou la pensée globale (Damasio, Houdé, Fradin).



10. Freud et les neurosciences

Dossier > Freud et les neurosciences
Du point de vue de la théorie et, partant, de la totale rigidité des programmations reptiliennes, le stress cognitif est un stress comme un autre, au sens où sa survenue traduit un danger. Mais ce danger est interne. Notre propre intelligence supérieure nous prévient que nous sommes en danger et nous ne le comprenons pas. Ou, parfois, nous faisons mine de ne pas comprendre et nous le refusons. Pour illustrer cela, nous nous plaisons souvent à dire que notre cerveau ressemble à une agora et se comporte comme une population de neurones bien plus que comme un cerveau véritablement homogène, au sens où le préfrontal semble l’être.

Sigmund Freud © Wikipedia

Cela s’explique par l’empilement de structures issues d’époques et de contextes évolutifs très différents, de capacités résultantes très hétérogènes. De plus, ces divers niveaux fonctionnels gèrent aussi des contraintes très contrastées, voire contradictoires ; par exemple, manger ou dormir n’est pas toujours compatible avec la préservation de sa sécurité en contexte sauvage. Il en résulte donc des tensions et autres conflits. Le stress est un indicateur majeur de con.it interne. Plus de neuf fois sur dix, en situation humaine, nous l’avons vu, le conflit qui nous stresse est interne plus qu’externe. Et c’est le préfrontal qui mène la fronde.

Freud avait anticipé les conflits de générations entre structures cérébrales (entre le ça, le surmoi et le moi). Mais cette confrontation prenait une forme assez équilibrée et conforme à l’intuition commune entre :

* des pulsions primitives, qui transcrivent au quotidien nos besoins biologiques ;
* notre intelligence qui doit intégrer le « principe de réalité » et qui négocie des compromis « plus ou moins mal taillés » (allant de la sublimation freudienne à la résilience promue par Boris Cyrulnik).

On pourrait considérer ce modèle comme une sorte de transcription biologique des oppositions culturelles entre les anciens et les modernes, la tradition et l’innovation, la sécurité et le risque.

Dans notre propre vision, le débat est plus déséquilibré :

* D’un côté, il y a, si l’on force le trait, un « axe surdoué » pré­fronto-reptilien (les anciens et les modernes coalisés) qui relie en direct les besoins biologiques internes et l’adaptation externe à l’environnement, par le canal notamment de l’intelligence sous sa forme la plus aboutie, rationnelle, globale, synthétique, créative, ouverte et évolutive en temps réel. Cet axe est ouvert sur le présent et le futur, il intègre « en temps réel » nos besoins biologiques et les met en contexte dans une perspective dynamique reliant le passé au futur.
* De l’autre, un « axe myope et craintif », qui ne voit clairement ni l’interne, ni l’externe. Il est l’expression du « monde du milieu », celui du néocortex sensorimoteur qui tâtonne, qui comme Thomas a besoin de voir, toucher et faire, et celui du cortex limbique qui déforme souvent par le prisme des émotions, projections contingentes, issues du passé et décalées dans un monde qui bouge… Cet axe fonctionne « au niveau des apparences », au premier degré et à court terme. Au fil de l’âge et des mésaventures de chacun, il tend à s’enfermer dans son passé, ses préjugés, ses appréhensions, à devenir psychorigide et évitant.

Le choix semblerait vite fait si… cela ne semblait pas être un choix « contre nos intérêts », si nous n’étions pas le second ! Car, encore une fois, le premier est essentiellement inconscient, le second est au cœur de notre conscience. Nous sommes en fait dans le mauvais wagon. Tout le « beau monde » est dans l’autre. Seulement, ce n’est pas cet « autre » qui a le pouvoir, c’est-à-dire la conscience, véritable organe décisionnel.

Il y a donc, d’une part, un « robot » plénipotentiaire, c’est-à-dire nous, notre conscience « de base » ; de l’autre, le trésor de la technologie évolutionniste et biologique qui émarge en « prison », sans moyen direct de communiquer, sinon par l’intuition créatrice – au mieux –, le stress – au pire ! Ce « nous » caché, virtuel, attend depuis la nuit des temps son heure de gloire qui n’est pas encore vraiment arrivée… à moins que les choses ne se précipitent. Il serait temps.

Deux modes de vie

On comprend mieux pourquoi le préfrontal semble parfois être suspendu au signal d’alarme. Or, le plus « grand », en l’occurrence le préfrontal inconscient, reste le témoin à la fois passif et lucide de toutes les bêtises et autres approximations court-termistes du « petit ».

Imaginez-vous attaché/bâillonné sur le siège du passager avant d’une voiture puissante dont le conducteur est myope, un peu amnésique, excessif, voire un peu attardé. Pour toute ressource, vous pouvez tenter de parler au conducteur à travers le bâillon. Il ne comprend pas, ou de travers ce que vous voulez, et surtout refuse de le faire, car ce que vous êtes, pensez, désirez ne lui plaît pas. Accessoirement, il vous reste la possibilité de tirer sur le signal d’alarme. À moins d’ailleurs que votre malaise ne déclenche automatiquement l’alarme. Alors, il est plus facile de comprendre pourquoi il n’est pas si aisé « d’être grand », au sens de « laisser faire » sans rien dire.

En fait, ce sont deux styles de vie qui s’opposent. En dehors des vacances, où il n’y a pas de grands enjeux (encore que !), ces deux grands blocs sont bien souvent en désaccord sur tout, ou presque. Mais, ne peut-il y en avoir un qui serait « plus grand que l’autre », pour que les chamailleries s’arrêtent et que la paix revienne dans notre tête ?

Hélas, non ! Les choses se compliquent encore, car, comme nous allons le voir, ce con.it est d’abord structurel. Il est en quelque sorte ancré « dans le dur », gravé dans le marbre de notre constitution (ADN).

La complexification et l’amélioration globale de la performance de notre cerveau, au fil de millions d’années et de milliers d’espèces, ont donc leur rançon en termes de dysfonctionnement interne. Le bricolage de l’évolution est certes génial. Il n’est parfois que bricolage. À nous de rassembler certains morceaux pour faire que cela marche mieux « à l’endroit ». C’est là que les neurosciences commencent à nous apporter des réponses très concrètes et que l’on pouvait difficilement anticiper sans « ouvrir le capot ».

9. Le préfrontal

Dossier > Le préfrontal
La préfrontalité naît de la rencontre des informations d’origine néocorticale, qui aboutissent au niveau du préfrontal dorso-latéral, et des informations d’origine reptilienne et limbique, qui aboutissent au niveau ventro-médian. La rencontre de ces deux lignées d’intégration se fait au niveau fronto-orbitaire. En fait, c’est la rencontre des informations d’origine externe et celles d’origine interne :

• Les premières (informations d’origine externe) nous informent sur la situation de l’environnement et ses potentialités ;



• Les secondes (informations d’origine interne) sur notre état biologique et nos besoins immédiats.



Il existe d’autres grands niveaux d’interférences entre ces deux lignées dans le système nerveux central, notamment au niveau du thalamus et du gyrus cingulaire.

Antonio Damasio a longuement développé ces observations dans son écrit, Le sentiment même de soi, et il attribue à cette convergence un rôle essentiel dans l’émergence de la conscience.

Cela, tandis que presque tout le monde a cru jusqu’à présent, ou croit encore, que la conscience siège dans le préfrontal, la partie la plus intelligente de notre encéphale, parce que la conscience humaine serait au sommet de notre fonctionnement mental. Damasio, par contre, a souligné que le préfrontal est le seul territoire présentant plus que tout autre cette caractéristique d’être à la fois :

* au confluent des informations externes et internes,
* peu ou pas conscient.

Il a vulgarisé le fait, bien connu par les neurologues, que les aires néocorticales les plus intelligentes, et tout particulièrement préfrontales, sont peu ou pas impliquées dans les mécanismes de la conscience, et que l’accès de leur production à la conscience est relativement laborieux. Cela explique largement le caractère imprévisible et simultanément culturel de la créativité, et la rationalité, reliées dans ce qu’il a nommé « la rencontre du cœur et de la raison », l’intelligence préfrontale. Toute créativité est d’origine préfrontale, puisqu’elle disparaît entièrement par la lobotomie, sa destruction étant irréversible. Cela montre l’ extraordinaire puissance et l’étendue des capacités préfrontales, superposables à la culture humaine.Grâce aux neurosciences, la préfrontalité se livre doucement à nos connaissances. Ainsi elle devient plus largement accessible, individuellement et collectivement, avec le développement des nouvelles pratiques métaculturelles et pédagogiques.

Quelques applications :

Pour nous, humains, désireux de mieux nous connaître, afin de vivre plus harmonieusement notre vie personnelle et relationnelle, trois messages sont à retenir :

* Notre stress peut être un stimulus pour, tout d’abord, chercher notre erreur de l’instant, notamment depuis le moment précis où il survient : à quelle réflexion, décision, attitude, action est-il associé ? Nous verrons plus tard que l’erreur n’est pas seulement dans une pensée ou croyance irrationnelle spécifique, comme l’on croyait dans les thérapies cognitives, mais plutôt et surtout dans une façon de penser, un mode mental pas adapté.
* Cela, pour ensuite la corriger en activant le mode adapté, ce qui devrait nous apaiser. Cet apaisement constitue le seul signal crédible de la pertinence de la correction apportée.
* En troisième lieu, si rechercher les causes du stress est pertinent, il nous paraît par contre trompeur « d’écouter le stress », au sens de ses symptômes, par exemple au sens de vouloir se débarrasser de ses émotions ou impulsions.

L’intelligence émotionnelle n’est pas de céder à sa colère ou à sa peur, de punir ce qui nous irrite par exemple. Il n’y a pas (ou si peu) de juste colère ou d’anxiété lucide, n’en déplaise à Corneille ou Camus ! Il ne s’agit pas, non plus, d’essayer de maîtriser, voire refouler, les manifestations de ses émotions qui ne sont que des signes qu’il faudrait changer de mode. Est-ce intelligent de tuer le porteur d’une mauvaise nouvelle ?

Cela peut se traduire dans la psychologie quotidienne : « Ce qu’il dit est intolérable » deviendrait : « Tiens, je me sens irrité, donc… qu’est-­ce que je pense et/ou tends à faire à cet instant à son sujet et que ma propre intelligence censure ? » Et/ou : « Mais je suis intolérant, je ne suis donc pas sur le bon mode mental… Suis-je prêt à regarder cela de plus près pour changer de mode ? »

En fait, le début de la solution est plus simple qu’il n’y paraît : chacun est avant tout propriétaire (ou locataire !) de son propre stress.

8. Le stress : signal de détresse d'une intelligence préfrontale inconsciente

Dossier > Le stress : signal de détresse d'une intelligence préfrontale inconsciente
Nous avons, depuis 1992, émis l’hypothèse que seul le néocortex préfrontal semble capable de détecter cette incohérence décrite précédemment. Nous avons également rapproché cette proposition de la mise en évidence par les neurologues du caractère essentiellement inconscient des aires quaternaires, notamment préfrontales (puisque leur destruction n’altère en rien les mécanismes de la conscience).

Selon notre modèle, le préfrontal émettrait un message d’alerte inconscient. Cela vient d’être repris par une étude récente en imagerie cérébrale qui montre qu’une partie du cortex préfrontal s’active face à l’incohérence et déclencherait le stress.

En pratique, soit notre conscience « entend et accepte » ce message du préfrontal et nous comprenons alors plus ou moins clairement pourquoi nous stressons, ce qui suffit parfois à résoudre ce stress. Soit, le plus souvent, notre conscient ne décode pas ou décode insuffisamment le message et son importance, ou même le refoule parce que cela le dérange (nous verrons ultérieurement que la conscience et le préfrontal s’opposent dans la nature même de leurs modes de pensée, de leur choix de vie).

Dans ce deuxième cas, c’est le cerveau reptilien qui, sans le savoir, joue le rôle de porte-parole du préfrontal. Non dans le contenu du message, car ces vieilles structures ne peuvent comprendre ni apprendre de quoi il s’agit, elles ne peuvent que « réciter leur refrain » : fuir/ lutter ou s’inhiber, mais dans sa présence même, car le stress traduit presque toujours un dysfonctionnement interne, consistant plus précisément en un refoulement des messages de notre intelligence supérieure par des structures conscientes.

L’archaïque reptilien ne détecte pas non plus les subtiles erreurs commises par des structures cérébrales bien plus évoluées que lui : fautes de logique, d’évaluation des risques et du point de vue des autres, d’anticipation à long terme, etc. Il n’est que l’amplificateur d’un message d’alerte émis par le préfrontal lui-même. C’est le préfrontal qui traduit son message en « langage reptilien », pas l’inverse ! D’où le miracle observable : le stress donne du fil à retordre à notre conscience, il pointe ses moindres erreurs, si tant est que l’on en ait compris la mission, la fonction cachée. Car le fait d’être reptiliennement programmé à chercher dehors nos agresseurs induit en erreur. Les réponses comportementales du stress continuent malheureusement à s’exprimer au travers de réponses primitives, rigides et « décalées » en contexte social humain.

Dans notre modèle, tout « est en ordre », si l’on peut dire : le reptilien est et reste primitif, dans toutes ses fonctions. Ainsi, il ne fait qu’« entendre » et amplifier un message de détresse interne émis par le préfrontal. Et il l’exprime de façon sommaire.

7. Une origine interne au stress humain

Dossier > Une origine interne au stress humain
Néanmoins, ce stress, universel dans sa symptomatologie et ses réponses, semble cacher des différences majeures dans sa causalité, au fil de l’évolution des espèces. Il peut paraître surprenant que les réponses spontanées que vous avez probablement apportées, ou du moins celles qui sont statistiquement apportées aux premières questions que nous avons posées, soient : le stress est un état défensif et très comportemental contre un agresseur externe. Mais, en fait, nous gardons dans nos réflexes la trace de la programmation primitive, instinctive : le stress sert à se défendre d’un danger ou d’un ennemi externe. Contre l’évidence de notre expérience quotidienne.

Il nous faut ordinairement une réflexion guidée par des questions précises, celles qui nous ont fait « sortir du cadre », tourner autour du sujet, pour que nous puissions découvrir enfin une réalité, empirique, quotidienne, statistique aussi, des causes réelles de notre stress d’humain : il est d’origine interne, subjective, cognitive. Nous ne stressons pas tous pour les mêmes raisons, dans les mêmes conditions. Nous n’apprécions pas tous les événements de la même façon, ni dans leur signification, ni même dans leur gravité. Ce qui vexe l’un n’est qu’une maladresse touchante pour l’autre, ou même passe totalement inaperçu. Ce qui est insupportable ou inquiétant pour l’un est un havre de paix pour l’autre.

Le stress humain n’a donc plus, le plus souvent, cette fonction défensive. En fait, il apparaît de plus en plus qu’il peut être interprété comme une information1 nous indiquant que nous commettons une erreur de raisonnement, au niveau de l’intention, de l’attitude ou du comportement, que nous faisons fausse route, qu’il y a sans doute d’autres manières d’appréhender la situation, la réalité, et de la gérer.

Objectivement, de très nombreuses études montrent qu’on ne peut pas identifier de causes externes réelles dans près de 90 % des cas de stress humain, en situation sociale moderne et en temps de paix. Ce sont en fait nos pensées, nos cognitions, en l’occurrence incohérentes, contradictoires, qui déclenchent le stress. Et leur remise en ordre l’apaise. Cette observation et sa validation scientifique sont à mettre au crédit des thérapeutes de la lignée cognitiviste.

Tandis que le stress « animal et défensif » est d’origine externe, contextuelle, environnementale, ce stress « humain et cognitif » est donc d’origine interne. Cependant, le stress humain reste toujours une manifestation reptilienne, qui est devenue toutefois une coquille vide de sens… qui ne semble plus être que le symptôme visible et « suspendu en l’air » d’un conflit, en fait, interne.

L’approche neuroscientifique est en train d’expliquer aujourd’hui le pourquoi et comment de ce conflit interne. Elle élargit le champ des observations et des applications pratiques. Nos propres travaux ont montré que ce n’est pas seulement l’incohérence cognitive qui se cache derrière le stress, mais l’obstruction des activités de la partie la plus intelligente du cerveau : le néocortex préfrontal. Nous avons décrit six paramètres de son fonctionnement : curiosité, adaptation, nuance, relativité, rationalité et opinion personnelle. Nous y reviendrons largement, car ils résument tout ce qui est aujourd’hui connu sur l’activité de ce territoire si précieux de notre encéphale. La rationalité, levier principal de la thérapie cognitive, n’est donc que l’un d’entre eux.

Ce modèle d’obstruction éclaire l’observation déjà plusieurs fois évoquée des cognitivistes, à savoir que, simultanément :

* Le stress cognitif, au cœur du stress humain, est engendré par un déficit de logique qui, selon nous, est un symptôme du refoulement de l’information préfrontale.
* Le développement de réponses logiques le résout, car la réflexion logique est une façon (parmi six, selon notre modèle) de dé-refouler les productions préfrontales.

Étrange tout de même, car Freud avait dit le contraire. Et la raison semblait être de son côté puisque le stress provient de structures reptiliennes, qui ne sont assurément pas le temple de la rationalité et de l’intelligence supérieure ! Freud voyait dans le stress la résultante de la frustration de nos besoins primitifs par la raison et la culture.

Le modèle comportemental et cognitif est beaucoup plus simple (simpliste, disent ses détracteurs) dans sa représentation : pensée, comportement et émotion sont immédiatement reliés et constituent les trois faces d’un même processus. Il suffit donc d’agir sur l’un des pôles pour modifer les autres. Il est aussi plus à même d’expliquer pourquoi le psychopathe est fortement stressé, alors même que ses pulsions s’expriment presque librement, cependant que le sage tibétain, qui les refoule au contraire massivement et mène une vie ascétique, est serein.

6. Les États d'Urgence de l'Instinct (EUI)

Dossier > Les États d'Urgence de l'Instinct (EUI)
1 - La Fuite

Le premier étage de la fusée du stress à s’allumer est donc celui de la Fuite. On comprend pourquoi, dès que le danger est détecté, les vieilles structures qui impulsent cet état de Fuite commencent à préparer l’organisme à détaler : accélération préventive du coeur et de la respiration pour favoriser l’oxygénation des tissus, dilatation périphérique des petits vaisseaux ou capillaires (vasodilatation), qui permet au sang de mieux irriguer les organes périphériques comme les muscles, augmentation du tonus dans les jambes pour mieux courir, attention dispersée et regard fuyant pour cerner les dangers et les issues possibles. Subjectivement, la fuite insuffle un vécu de peur, un sentiment d’insécurité et d’oppression, là aussi destiné à donner une envie confuse mais efficace que l’on « ferait mieux d’être ailleurs et dans les plus brefs délais ».

Dans nos structures cérébrales supérieures, cela sème parfois du trouble, car cela peut faire rater notre prestation (professionnelle, littéraire ou amoureuse, etc.). Mais sous l’emprise de l’état de Fuite, il est non seulement inutile mais aussi injuste de se culpabiliser d’être mal là où l’on est. L’effet expérimenté est celui de son programme génétique, universel.

2 - La Lutte

Le programme de Fuite échoue lorsque l’on ne court pas assez vite, si le chemin est barré… ou lorsque l’on est en situation sociale moderne où il est interdit, voire simplement dévalorisé, de fuir. Le système primitif hypothalamique tente alors la deuxième partition préprogrammée dont il dispose pour faire face au danger : la Lutte. On va se retourner contre l’agresseur, tenter de le repousser, le dissuader. La Lutte instinctive, telle que décrite par Gray, n’est pas une attitude offensive comme le sont les attitudes de prédation ou de dominance, sous-tendues par d’autres structures cérébrales.

L’hypothalamus évalue la situation comme précaire, mais cela ne signifie pas que l’on en ait conscience : le sujet en état de colère se sent plutôt « gonflé ». Ce genre d’inversion des sensation est fréquent dans les vieilles structures cérébrales qui incitent à agir plus qu’elles ne « renseignent » objectivement sur la situation. Ce management coercitif a cependant sa cohérence : si l’on se sent « culotté », on peut mieux se battre et garder du courage que si l’on pense que la situation est perdue.

C’est donc une erreur de se culpabiliser si ses propos en lutte sont outranciers, parce que l’on est orgueilleux, susceptible. Cela fait partie du stéréotype génétiquement programmé, destiné à compenser le sentiment primitif de faiblesse devant un ennemi initialement évalué comme plus fort. Cette autosatisfaction réactionnelle de la Lutte est sous-tendue par toute une orchestration biologique adéquate : la focalisation du regard, qui fixe dans les yeux pour connaître l’intention de son adversaire, un certain ralentissement du coeur et de la respiration par rapport à la Fuite, car il s’agit moins d’un effort maximum que d’une détente ciblée. La tension se déplace des jambes vers le cou et les mâchoires, pour mordre, et dans les bras et les mains, pour griffer ou taper. La sécrétion d’adrénaline complète le tableau de la colère, qui tombe aussi vite qu’elle est montée, en fonction de la perception du danger et de l’issue du combat.

3 - L’Inhibition

Par contre, si l’on perd le combat, ou si le rapport initial de force semble trop dissuasif pour fuir ou lutter, on bascule vers l’Inhibition, synonyme d’intense vécu de découragement, d’abattement, de sentiment d’infériorité. Là encore, il est peu utile de chercher une explication psychologique, propre aux territoires supérieurs du cerveau : ce « manque de confiance en soi » de l’inhibé reptilien est génétiquement programmé.

Quand l’animal n’est pas encore repéré, l’Inhibition lui permet de se rendre (presque) imperceptible : respiration étouffée pour être totalement silencieux (d’où la sensation d’oppression respiratoire), constriction des capillaires sanguins pour économiser la chaleur et l’énergie (d’où la sensation de froid profond), puisqu’il faut désormais « durer », pendant « l’attente en tension », jusqu’à ce que le prédateur parte. Pour économiser l’énergie, le coeur se ralentit, les extrémités se refroidissent, le teint devient blême et des spasmes peuvent apparaître, car la digestion se bloque. L’inhibition sert aussi, sur un plan social primitif, à se soumettre devant un dominant. Ce rituel d’Inhibition soulage ce dernier de son besoin de dominance ou simplement lui laisse la priorité pour la consommation de ce qu’il veut : aliments, relations sexuelles, pouvoir, etc. Cet état sert ainsi à abandonner une attitude dangereuse ou à bloquer notre action en situation prolongée de non-contrôle. Comme pour les précédents états, comprendre que l’Inhibition n’est ni volontaire ni aisément contrôlable est déculpabilisant pour celui qui ressent cet état avec intensité ou fréquemment. Interpréter correctement sa fonction primitive permet de mieux l’accepter, étape nécessaire pour mieux gérer l’état.


5. Les 3 phases du stress pour la survie

Dossier > Les 3 phases du stress pour la survie
En fait, le stress n’est pas un, mais développe trois programmes, qui se succèdent en fonction des événements, et notamment du succès ou de l’échec du précédent pour éloigner le danger perçu. Ce sont les états dits de Fuite, Lutte et Inhibition. Chez l’animal dit naïf, c’est-à-dire qui n’a pas encore vécu de stress, l’enchaînement se fait toujours dans l’ordre énoncé.

Le stress chez l'homme

Nous, humains, vivons des états d’anxiété, d’agressivité défensive ou de découragement que nous pouvons identifier à ces trois états, instinctifs. Ces trois états de stress, ou États d’Urgence de l’Instinct (EUI), sont fonctionnellement synonymes, en ce sens qu’ils se déclenchent ou alternent indifféremment pour une même sorte de raisons premières. Devant un danger, tout animal ou humain peut : chercher à s’échapper ou se cacher (état de Fuite) ; sinon se retourner contre l’agresseur, chercher à l’intimider par des rituels de combat et, en dernier recours, tenter de se battre (état de Lutte) ; enfin, lorsqu’il y a échec des deux précédentes stratégies, il va tenter, selon les cas, de faire le mort, se faire oublier, pardonner… ou se laisser manger (état d’Inhibition).

L’ordre de succession peut être changé lorsque notre instinct évalue (se basant sur le ratio taille/poids ou la distance qui nous sépare de l’agresseur) que nous ne sommes pas capables de fuir ou lutter. Si, dans notre vie moderne, l’Inhibition participe à la constitution des états dépressifs, on comprend néanmoins qu’elle n’est pas pour autant, à la base, une « pulsion de mort », mais bien un instinct de vie : c’est parfois notre dernière carte à jouer pour sauver notre vie en milieu primitif ou sauvage. Ne rien désirer, déprimer intensément pendant un instant, c’est une façon très animale mais efficace de s’immobiliser !

Ces trois versants d’un même processus biologique, dont la continuité est claire en contexte de course ou de combat physique pour la survie immédiate, nous apparaissent pourtant subjectivement bien dissemblables, voire opposés dans notre vie d’humain moderne. Ainsi, l’état de Lutte qui sous-tend nos états de tension psychologique ou relationnelle, d’agacement ou de colère, permet parfois de mieux faire valoir sa place ou d’agir en situation de con.it familial ou professionnel. Sa signification profonde reste pourtant la même : une perception instinctive de danger, une posture inconsciente de faiblesse que l’instinct du stress cherche à cacher sous un processus offensif.

Cependant, la bascule de cet état vers un autre, fréquente et rapide, est là pour nous rappeler leur étroite parenté. Ainsi, le trac de l’orateur peut se muter en agressivité ou en découragement, face à une intervention frontale et déstabilisante d’un auditoire, par exemple. Le stress est toujours là, il change simplement de stratégie face à l’obstacle. Et il le fait avec ses propres moyens et ses critères de décision, essentiellement primitifs et stéréotypés, donc peu adaptés (sauf par hasard) et peu contrôlables, laissant peu de possibilité d’apprentissage direct et précis. La modulation que permettent les étages supérieurs de notre cerveau parvient parfois à limiter l’intensité du stress et/ou à mieux choisir notre mode réactionnel, en nous permettant de mieux gérer la « bascule » entre Fuite, Lutte ou Inhibition, afin de choisir le plus adapté ou le moins inadapté à la situation. Dans les deux situations, toutefois, on ne résout pas la ou les causes.

4. Stress au travail

Dossier > Stress au travail
Le stress apparaît depuis une quinzaine d'années comme l'un des risques majeurs auquel les organisations et entreprises doivent faire face : un salarié européen sur cinq déclare souffrir de troubles de santé liés au stress au travail. Les moyens de prévenir le stress au travail existent. La démarche de prévention collective est à privilégier car elle est plus efficace dans le temps. Elle consiste à réduire les sources de stress dans l'entreprise en agissant directement sur l'organisation, les conditions de travail, les relations sociales de travail et/ou le poste de travail.

Quels liens avec le travail ?

Les cas de stress dans l’entreprise sont parfois niés ou attribués uniquement à la fragilité ou à l’inadaptation au poste de certains. Face à des symptômes de stress, il est parfois difficile de démêler la part des facteurs personnels et professionnels en jeu. Mais, sans nier l’existence de facteurs personnels, il est primordial de rechercher le lien possible avec le contexte professionnel (surcharge de travail, objectifs insuffisamment définis, relations difficiles avec la hiérarchie, manque d’autonomie…).

Identifier les facteurs de stress au travail

Nous ne réagissons pas tous de la même façon face à une situation stressante. Notre réaction dépend notamment de la façon dont nous percevons l’enjeu et les ressources à notre disposition pour y faire face. Une même situation, par exemple le fait de travailler sous contraintes temporelles fortes, peut ainsi être perçue différemment selon les salariés et peut également varier dans le temps pour un même salarié (voir le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman). Malgré ces différences de perception, certaines caractéristiques des situations de travail sont identifiées comme pouvant générer du stress. On peut regrouper ces caractéristiques en cinq grandes catégories.

Source : www.inrs.fr

3. Symptômes du stress

Dossier > Symptômes du stress
À l’échelon individuel, les manifestations pathologiques induites par le stress lui-même (et non par ses causes liées au conflit sous-jacent) sont nombreuses et parfois lourdes à supporter :

* perte de moyens : confusion, blanc mental, dispersion, perte de mémoire, de recul, d’initiative, de plaisir ;
* source de conflits et d’incompréhension : perte de confiance en soi et/ou en les autres, victimisation (l’autre est, au mieux, un rébus, sinon un ennemi) ;
* perte du goût de vivre : anxiété, agitation, insatisfaction permanente, impatience, susceptibilité, agressivité, découragement, dépression ;
* source de pathologies : tensions corporelles, spasmes, asthme, allergies, infections, hypertension artérielle et maladies cardio-vasculaires, cancers, addictions, boulimies, troubles du sommeil, accidents… ;
* source de dysfonctionnements cérébraux. À l’échelon des entreprises et même de l’ensemble de la société, les conséquences ne sont pas moins désastreuses. L’entreprise, comme la société tout entière, lorsqu’elle est stressée, devient vite anorexique, ce que nombre d’études ont déjà montré :
* limite du potentiel intellectuel et de l’innovation ;
* baisse de la rentabilité, de la productivité ;
* baisse globale de la motivation, jusqu’à la démotivation ;
* augmentation de l’absentéisme ;
* augmentation globale des conflits, de l’anxiété, de l’agressivité et des états individuels dépressifs, des troubles pathologiques divers ;
* baisse globale de la satisfaction des clients ;
* baisse du cours de l’action…

N’est-ce pas là le tableau, pour une large part, de notre cadre social actuel ?

Pourquoi donc s’accrocher au management par le stress ? Il n’est pas un outil de motivation ni de management sensé. Le coût individuel, social, économique en est considérable. Il motive 50 % des arrêts de travail ! Son coût économique direct serait de l’ordre de 3 % du PIB, mais son coût total serait sans doute de 10 %, voire davantage. Lisez par exemple à ce sujet l’excellent ouvrage de Philippe Askenazy. Il montre que sa gestion préventive coûte moins cher que ce qu’elle économise, nombreux chiffres à l’appui sur des études macro-économiques.

Mais de quel genre de « gestion de stress » parle-t-on :

* une approche qui s’adresse surtout aux symptômes, comme les tensions physiques (ou manque de tonus, dans le cas de l’inhibition), les con.its émotionnels, etc. ; des symptômes qui sont à l’origine d’un certain nombre d’autres que nous venons de décrire ;
* une approche qui cherche d’abord les causes ?

Rien de surprenant ici (hélas !), nous privilégions la seconde approche. Même si la première a ses mérites aussi : elle peut au moins être une étape qui permet ce que nous considérons comme le traitement de fond.

2. Le stress externe ou défensif

Dossier > Le stress externe ou défensif
Dans le monde sauvage et animal, le stress est un mécanisme de défense et de survie, certes primitif, mais tout à fait adapté au contexte « originel ». C’est tout d’abord un signal d’alarme qui déclenche un certain nombre de processus physiologiques qui permettent de faire face au danger.

Le stress et l’évolution de l’espèce

C’est Henri Laborit qui a en France développé ou vulgarisé ces concepts, nous montrant par exemple que si notre cœur se met soudain à battre la chamade et notre respiration à s’emballer, c’est pour préparer notre corps à courir pour échapper au pire. Car dans ce monde-là (sauvage et animal), celui dans lequel ces mécanismes primitifs de survie ont été sélectionnés selon les lois de l’évolution des espèces, il suffit ordinairement d’une fois, d’une seule erreur, pour mourir !

Si la vieille partie du cerveau chargée de nous protéger (l’hypothalamus, notamment, situé dans les territoires dits reptiliens, juste au-dessus du tronc cérébral et de la moelle épinière, à la « racine » du cerveau en quelque sorte) détecte une situation de danger ou l’interprète comme telle, elle enclenche tout un processus instinctif, c’est-à-dire génétiquement programmé, de survie : le stress.

Le stress animal défensif provient d’un niveau cérébral qui fonctionne de manière essentiellement inconsciente et instinctive, ne nécessitant aucun apprentissage (et n’en permettant aucun, ce qui explique le caractère peu contrôlable, du moins directement, des vécus et impulsions qui en proviennent).

Au fil de l’évolution des espèces, le développement des structures cérébrales a permis un meilleur contrôle du territoire de pâture ou de chasse, le développement de la vie en troupeaux et, plus globalement, des capacités adaptatives, ce qui a réduit, ou du moins modulé, la forme et le rôle de ces mécanismes primitifs du stress.

Pourtant, l’observation quotidienne de nous-mêmes, comme celle de nos concitoyens, montre que nous passons une large partie de notre temps civilisé à nous stresser, alors que l’animal sauvage ne vit le stress, pour l’essentiel, qu’en contexte de danger immédiat. Apparemment, le stress humain se manifeste de la même manière que celui de l’animal, dès que l’individu se sent l’objet d’une menace quelconque, même si, objectivement, sa vie n’est pas ou plus en danger.

Tout semble se passer comme si nous n’étions, nous humains, pas ou plus capables de faire spontanément la distinction entre un danger de mort imminente et un simple désagrément subjectif dû à une contrariété, parfois tout à fait bénigne, un échec scolaire, un conflit quotidien, un jugement négatif porté sur nous-mêmes par notre entourage… Quelle qu’en soit la raison, réelle ou perçue comme telle, reptilienne ou modulée dans des territoires cérébraux plus récents en termes d’origine phylogénétique, nous semblons vivre, pour certains d’entre nous, constamment en état d’alerte biologique. Ainsi en est-il, face à son jury d’examen, de ce pauvre candidat dont la tête, sous l’effet du stress, se vide, plutôt que de chercher les réponses attendues !

Comprendre et gérer le stress

Dossier > Stress : comprendre et gérer le stress
Si certains se plaignent du stress, il est dans le même temps assez répandu, dans les milieux professionnels, artistiques comme sportifs, d’affirmer que le stress est nécessaire à la motivation. Il est même de bon ton d’avoir un certain trac (« ça prouve l’engagement »), par exemple, avant une présentation orale ou une réunion importante, avec un gros enjeu à la clé. Or, le trac n’est qu’un stress d’un genre particulier, l’anxiété, sous-tendu par un état neurophysiologique dit de « fuite instinctive », issu lui-même de structures cérébrales très anciennes. Bien sûr, le fait de réussir une prestation malgré le trac est courant, mais est-ce que cela prouve que le trac est nécessaire à la motivation ou à l'adaptation ?

Pourtant, dans le monde professionnel ou sportif, celui qui n’a pas le trac est souvent suspecté d’être trop détendu, ce qui dénoterait un certain détachement ou un manque évident de motivation… À moins que – car les avis divergent – il ne s’agisse de l’expression d’un réel charisme, d’un certain talent, d’un véritable don, d’une aisance naturelle ! Alors, comment s’y retrouver ?

Il est un fait aisément observable que de grands orateurs affichent une grande décontraction. Mais sont-ils décontractés parce qu’ils sont « grands orateurs » ou sont-ils « grands orateurs » parce qu’ils sont décontractés ? Et décontraction signifie-t-elle pour autant déconcentration ?

En tout cas, ce qui pousse certains d’entre nous à devoir s’appuyer sur le stress réside en ce qu’ils ressentent parfois, ou sur certains sujets, en l’absence de stress, une sorte de vide intérieur. Cela est particulièrement vrai lorsque nous ne disposons pas d’une vocation suffisante, d’une prédisposition naturelle, que nous avons nommée, dans un écrit précédent, la personnalité primaire, ou tempérament. Le stress serait alors (parfois) rassurant puisqu’il nous permettrait de nous sentir plus vivant, plus concerné, de sentir qu’il se passe quelque chose en nous. Et de le prouver aux autres, pour obtenir de la reconnaissance. Cela peut avoir pour effet de nous motiver quelque peu, car l’attrait du succès, de la reconnaissance, ou la peur de l’échec, de la sanction, peuvent avoir un effet de motivation. Mais cet effet est ordinairement de courte durée.

Que se passe-t-il en fait, plus biologiquement, lorsque nous sommes stressés ? Il est utile de mieux le comprendre afin d’envisager de mieux le gérer.

samedi 17 janvier 2009

Smile your mood

How to Lift Your Mood? Try Smiling - TIME
I was skeptical until I read a paper in the January issue of the Journal of Personality and Social Psychology, a peer-reviewed publication of the American Psychological Association. That paper led me to other papers, and it turns out the trainer is right: The face isn't a pressure-relief valve. It is more like a thermostat. When you turn down the setting, the machinery inside has to do less work.

In the Journal of Personality and Social Psychology paper, David Matsumoto of San Francisco State University and Bob Willingham of the Center for Psychological Studies in Berkeley, Calif., present the results of the first study ever conducted comparing the facial expressions of blind people with those of sighted people in a natural, nonlaboratory setting. Those studied were all judo athletes — blind ones who competed in the 2004 Paralympic Games in Athens and sighted ones who competed in the 2004 Olympics in the same competition hall a few weeks earlier. (See pictures of "Second Place: Faces of Defeat.")

Matsumoto conceived the paper to investigate one of the oldest dilemmas in the study of physiology. We have known for many years that people all over the world, even those from remote cultures, use the same facial expressions to convey basic emotions like grief or joy. Charles Darwin noted this phenomenon in the 19th century, and Matsumoto's mentor, a famous psychologist named Paul Ekman who traveled the globe in the 1960s, proved that both isolated tribesmen and urban Westerners identified pictures of facial expressions in the same way. Ekman demonstrated that a frown means unhappiness the world over; wide eyes mean fright or surprise; a wrinkled nose means disgust. But no one has yet found the source of these universal expressions: Do we all learn the expressions through our culture, or are facial configurations genetically coded for everyone?

This question has occupied many scientists. Darwin wrote a long, highly entertaining 1872 book, The Expression of the Emotions in Man and Animals, that came to the conclusion — unsurprising, given the author — that the universality of facial expressions owed to their evolutionary origin.

In his concluding chapter, Darwin noted that a pastor who ran a school for the blind told him that "those born blind" and "those gifted with eyesight" display facial expressions equally well. But somehow it took more than 130 years for someone to test this hypothesis scientifically. Matsumoto has finally proved the hypothesis. He examined 123 photographs taken by Willingham, a professional photographer, and carefully coded all the expressions on the athletes' faces. The authors found that regardless of whether the athletes could see, the gold-medal winners were significantly more likely to display real, joyful smiles — those that engage not just the muscles around the mouth but also those around the eyes — than those athletes who got silver medals. The ones who received silvers, whether blind or sighted, were significantly more likely to display social or lying smiles — those in which only the mouth muscles are engaged. (You can tell the difference between real and social smiles after training in facial movements; once you have the training, it's impossible not to study the eyes whenever someone smiles at you.)

Because blind people can't learn cultural cues from looking at others, Matsumoto and Willingham conclude that all of us are born with the ability to express both real and social emotions through our facial expressions. The fact that blind people display fake smiles shows that the skill is probably one we acquired through evolution in order to get along with others. (See pictures of facial yoga.)

Beyond that, what the genetic origin of facial expressions suggests is that the way your face looks is strongly related to what you are feeling inside. What I began to wonder was whether the train might run in the opposite direction: Could you change what you're feeling inside by pulling your face into a different expression? This is what the trainer had suggested: my exercises would be easier if I kept my face passive rather than twisted.

The possibility that your expression could affect your mood was first suggested to me by Marsha Linehan, a University of Washington psychologist who treats suicidal patients. She has found that helping patients modulate their facial expressions — relaxing the face when angry, for instance — can help them control their emotions. Ekman and his colleagues provided evidence of this in a Science paper back in 1983. They found that those instructed to produce certain facial movements showed the same physiological responses as those asked to recall a highly emotional experience. Later, a study showed that if you hold a pencil between your teeth — causing your mouth to approximate a smile — it will be easier for you to find cartoons funny.

In short, the emotional train does run in two directions: between your brain, which may be screaming from the pain that your trainer is causing, and your face, which can — if you draw it into a relaxed expression — inform your brain that it shouldn't be protesting so much. So next time you're working out and grimacing, push your facial muscles into submission. Look blank. You will find it's easier to get through one more rep.